Achevé en 1933, le canal reliant la mer Blanche à la mer Baltique, appelé le "Belomorkanal", fut construit par des détenus du Goulag, dont beaucoup y laissèrent la vie. Jusqu'à nous jours, l'utilité de ce canal demeure assez problématique.
Un projet pharaonique
En 1931, Staline demande qu'un canal soit creusé pour relier la mer Blanche à la mer Baltique. Ce projet gigantesque n'était pas pourtant pas prévu par le dernier plan quinquennal.
On ignore les motifs qui ont poussé le dictateur soviétique à se lancer dans une telle entreprise. Il se peut que, dans ce domaine aussi, le "petit père des peuples" ait voulu rivaliser avec l'un de ses modèles, le tsar Pierre le Grand, qui fit creuser en deux mois, dans la même région, une route de 180 kilomètres de long.
Ce canal lui aurait aussi permis de transférer sa flotte de la mer Baltique à la mer de Barents et, de là, dans l'océan Pacifique, sans passer au large de la Norvège.
Un véritable enfer
Pour Staline, la main-d'œuvre nécessaire est toute trouvée. En effet, les prisonniers politiques, les paysans victimes de la collectivisation et les populations déplacées ont rempli les camps du Goulag, dont la direction est confiée à la police politique, la sinistre Guépéou.
On estime qu'environ 170.000 détenus ont creusé ce canal, dans des conditions épouvantables. Durant le long hiver régnant dans ces régions, ils devaient travailler par un froid polaire.
Par ailleurs, la ration de nourriture était conditionnée au travail effectué. Enfin, les outils sont rudimentaires, ce qui rend le travail encore plus épuisant.
On ne s'étonne pas que, dans de telles conditions, au moins 30.000 prisonniers aient péri durant le creusement du canal. Cet ouvrage long d'environ 225 mètres et comportant 19 écluses et 5 barrages est pourtant achevé en un temps record.
En juillet 1933, Staline inaugure le canal, mais il n'est pas satisfait. Il le trouve trop étroit et pas assez profond. Malgré des travaux accomplis dans les années 1970, ce canal transporte aujourd'hui à peine 500.000 tonnes de marchandises par an. Les détenus du Goulag étaient vraiment morts en vain !
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