Depuis le 1er mars, un américain du nom de Dituri, s'est isolé dans un bâtiment sous-marin situé au large des côtes de Floride pour une période de 100 jours. Si son objectif est de battre le record actuel de 73 jours, Dituri est avant tout motivé par des raisons scientifiques multiples.
Et clairement, ce n’est pas pour rien que Joe s’est lancé dans cette expérience du nom de Projet Neptune 100. Ancien plongeur de la marine américaine mais aussi docteur en biomédecine, il passera 100 jours sous la surface de l'océan à bord d'un petit module appelé Jules' Undersea Lodge. L'objectif de cette expérience est d'étudier les effets d'une exposition prolongée à une forte pression sur l'organisme humain. En surface, le chercheur s'intéresse aux accidents barotraumatiques qui affectent les plongeurs. En effet, la pression en surface est de 1 bar, mais elle augmente rapidement avec la profondeur, atteignant déjà 2 bars à une profondeur de seulement 10 mètres. Ces variations peuvent avoir de multiples impacts sur le corps lors de la descente, tels que la compression des organes et des cavités comme les sinus, ou une pression sur les tympans. Cependant, l'augmentation de la pression favorise surtout la dissolution de l'azote dans le sang, ce qui est le véritable danger. Au-delà de dix mètres de profondeur, mais surtout au-delà de 30 mètres, cet azote dans le sang peut affecter le système nerveux et provoquer des troubles du comportement graves, appelés narcose des profondeurs, avec comme risque principal : la noyade.
Autre danger, celui de la remontée. Si celle-ci est trop rapide, l'azote n'aura pas le temps d'être évacué par les poumons et retournera à son état gazeux à l'intérieur des vaisseaux sanguins ou des organes, ce qui peut entraîner des dommages irréversibles, voire la mort. Bien sûr, il existe une série de protocoles à respecter pour éviter ces accidents et profiter pleinement de la plongée, mais comprendre exactement les processus physiologiques liés à la pression est essentiel pour mieux traiter les victimes de ce type d'accident. En particulier, les scientifiques ne comprennent pas encore très bien comment fonctionne la narcose des profondeurs, qui pourrait être liée à une modification de la façon dont les neurotransmetteurs envoient des signaux entre les neurones et le cerveau.
Malgré le fait que Joe Dituri soit emprisonné à seulement 10 mètres de profondeur, il ne devrait pas souffrir de ces problèmes. Cependant, son corps sera soumis pendant plusieurs mois à une pression double de celle à laquelle nous sommes habitués. Dans son habitat sous-marin de 55 mètres carrés, l’ancien soldat effectuera de multiples expériences physiologiques pour déterminer exactement quelles sont les modifications subies par son corps. Ces expériences porteront sur la pression bien mais également l’exposition réduite à la lumière du soleil. Cela pourrait en effet entraîner un dérèglement de son horloge interne mais aussi un déficit en vitamine D qu’il lui faudra compenser d’une autre manière afin d’éviter une réduction de son système immunitaire et une perte de masse osseuse. En parallèle de ces études sur la physiologie, Joe Dituri souhaite promouvoir la protection et la préservation de l’environnement marin.
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