Chaque année, le Programme des Nations Unies pour l’environnement récompense des initiatives visant à arrêter et à inverser la dégradation des écosystèmes. Les récipiendaires sont alors nommés « Champions de la Terre ». Dans l'épisode précédent, vous avez pu en découvrir deux, et bien on poursuit aujourd'hui avec deux nouveaux récompensés.
Direction l'Inde, l'oiseau marabout argala, aussi surnommé "avaleur d'os" est un animal qui débarrasse entièrement les carcasses d'animaux morts, quand d'autres charognards ne mangent que la chair la peau. Cette cigogne rend en quelque sorte un précieux service à l'écosystème et à l'être humaine, permettant d'éviter la propagation de maladies. Pourtant, malgré son gabarit imposant (1,50 m de haut pour 2,40 mètres d'envergure, le marabout argala, souffre de multiples persécutions, considéré comme un symbole de mauvais présage. En effet, de nombreux villageois du district de Kamrup où se trouve la plus importante population de l'espèce, coupent les arbres dans lesquels il fait également son nid. Mais d'après les experts, c'est surtout l'assèchement des zones humides pour construire des routes et des réseaux mobiles qui a failli signer son arrêt de mort. Aujourd'hui, l'espèce ne compte que 1200 individus adultes à l'état sauvage, soit moins de 1 % de la population recensée il y a un siècle. C'est donc pour protéger cet oiseau que Purnima Devi Barman a fondé la Hargila Army, une brigade de 10.000 femmes qui s'occupe de soigner les oisillons blessés tombés du nid, ou encore de planter 45.000 arbustes afin d'accueillir de futures populations de marabouts. Pour cet engagement Purnima Devi Barman est devenu Championne de la Terre 2022.
Dans un autre registre, l'ouvrage The Economics of Biodiversity publié en 2021 a révolutionné l'économie d'après ses lecteurs. Le texte met en garde contre le fait que des écosystèmes essentiels comme les récifs coralliens ou les forêts tropicales sont en train de disparaître, avec des conséquences catastrophiques pour les économies et le bien-être des populations. Son auteur n'est autre que Partha Dasgupta, Professeur émérite d’économie à l’université de Cambridge, en Angleterre. Son rapport de 600 pages a ouvert la voie aux travaux de recherche dans le domaine de la « comptabilisation du capital naturel », qui consiste à estimer la valeur de la nature. L'économiste est également à l'origine du concept de « richesse inclusive », qui prend en compte non seulement le capital financier et le capital produit - à la base de l'indicateur du PIB - mais aussi les compétences de la main-d’œuvre (capital humain), le capital social et la valeur de l’environnement (capital naturel). Les Nations unies s'en sont inspirées pour élaborer "l'Indice de richesse inclusive", désormais calculé pour environ 163 pays.
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