L'aviation civile est aujourd'hui à un carrefour de son existence. Souvent pointée du doigt pour sa pollution, elle se doit de se verdir le plus vite possible. Alors que la recherche d'alternatives écologiques plus durables devient urgente, l'hydrogène émerge comme une possibilité envisageable. Si certains prototypes comme l’avion H2FLY semblent convaincants, peut-on réellement considérer ce carburant comme une solution viable ?
Certains aéroports, comme celui d'Heathrow en Angleterre se retrouvent au cœur de cette réflexion. Pour Matt Prescott, le chef de la stratégie carbone au sein du gigantesque, je cite, « la quantité de carburant qui passe par Heathrow est énorme. C'est environ la moitié des besoins en kérosène du Royaume-Uni ». Dans le pays, le « Jet Zero Plan » a pour ambition d'atteindre le zéro émission d'ici 2040 pour l'aviation civile. Aux États-Unis, même objectif, mais pour l'année 2050. De même pour l'Union européenne avec le plan « Destination 2050 ». C'est pourquoi aujourd'hui l'industrie aérienne planche sur l'exploration de diverses alternatives de carburants d'aviations durables, les SAF (Sustainable Aviation Fuel), des carburants qui ne proviennent pas d'énergie fossile, dont l’hydrogène.
Contrairement au kérosène, l'hydrogène ne produit pas de CO2 lorsqu'il est utilisé comme carburant. En revanche, c’est lors de sa production qu’il faut être vigilant ! En effet, l’hydrogène vert est produit à partir d’électricité issue des énergies renouvelables. Or, l’hydrogène gris utilise de l’électricité issue de combustibles fossiles, ce qui est en réalité une fausse bonne idée, doublée d’une part d’hypocrisie. Quoiqu’il en soit, les défis techniques pour faire passer l’hydrogène à l’état liquide sont considérables. Il faut en effet le refroidir à -253°C. L'entreprise de renom Air Liquide (qui a travaillé sur les fusées Ariane de l'ESA) collabore actuellement avec Group ADP et Airbus pour que la technologie soit adaptée à l'aviation. Même si l'exemple du H2Fly est encourageant, ce n'est pour l’instant qu'un prototype. Car installer des infrastructures de stockage et de distribution d'hydrogène dans les grands aéroports, ce n’est pas la même histoire, étant donné que le coût global est estimé à un milliard de dollars par aéroport.
Si le défi semble difficilement surmontable en l’état, des start-up travaillent déjà sur l’élaboration de nouvelles alternatives plus économiques. C'est le cas d'Universal Hydrogen par exemple, avec des modules de stockage d'hydrogène liquide transportables par camion, et que l'on peut directement intégrer aux avions.
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