La consommation de biocarburants issus en partie de la biomasse est devenue très répandue, au point que de nombreux secteurs de l'industrie navale et de l'aviation y ont recours. Cependant, leur production suscite souvent des interrogations et leur impact sur l'environnement peut être plus préjudiciable que prévu.
Selon le ministère français de la Transition écologique, les principales ressources utilisées pour produire de l'éthanol d'origine agricole sont la betterave à sucre et les céréales telles que le blé et le maïs. C'est en effet l'image la plus répandue des biocarburants. Cependant, l'ONG Transport & Environment (T&E) révèle que cette filière utilise également une grande quantité de graisses animales, une pratique peu connue mais autorisée en Europe. Ces graisses animales proviennent des parties de l'animal qui ne sont pas utilisées dans l'industrie alimentaire et sont classées en trois catégories : les catégories 1 et 2 peuvent être utilisées dans la fabrication de carburants, tandis que la catégorie 3, de meilleure qualité, est destinée à l'alimentation animale et aux cosmétiques.
Cependant, T&E souligne que la consommation de sous-produits animaux joue un rôle de plus en plus important dans la production de biocarburants. Elle est passée de 30 000 tonnes en Europe en 2006 à 1,4 million de tonnes en 2021, et l'organisation prévoit même une augmentation à 3,9 millions de tonnes d'ici 2030. Selon le rapport, "l'Europe brûle déjà 46 % des graisses animales sous forme de biodiesel, ce qui en fait le plus grand utilisateur de ces matières premières". Cette hausse est due à un climat favorable pour ce secteur, fortement subventionné et en pleine croissance. Les industries lui emboîtent le pas, à l'instar d'Airbus, en s'engageant à utiliser de plus en plus de biocarburants présentés comme renouvelables. Toutefois, T&E signale qu'un vol transatlantique entre Paris et New York consommerait les restes de près de 8 800 porcs.
Les producteurs de carburants peuvent utiliser des graisses de catégorie 3, bien qu'ils soient encouragés à donner la priorité aux graisses de catégories 1 et 2. Et ils ne s'en privent pas, selon l'ONG. En effet, l'utilisation des graisses de catégorie 3 pour le biodiesel aurait augmenté de 160 % depuis 2014, tandis que l'utilisation des autres catégories n'aurait augmenté que de 36 % sur la même période. De plus, les fournisseurs manqueraient d'honnêteté. Étant donné que seules les graisses des catégories 1 et 2 bénéficient de subventions publiques, l'utilisation des graisses restantes pourrait être sous-évaluée. T&E rapporte que "les pays européens déclarent consommer deux fois plus de biocarburants dérivés des catégories 1 et 2 que ce que l'industrie des graisses animales produit réellement". Si cela est fait délibérément, il s'agit d'une fraude à grande échelle, détournant des fonds qui pourraient être utilisés pour soutenir d'autres acteurs de la transition énergétique.
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