Décidément, il nous reste encore beaucoup de choses à découvrir et à comprendre sur notre belle planète bleu. Une étude publiée dans la revue Science Advances et menée par une équipe de chercheurs internationaux venus de Norvège, Suisse, France, Royaume-Unis, Allemagne, Espagne et Etats-Unis met en lumière le rôle des écosystèmes marins profonds dans le processus de captage du carbone par les océans. De quoi s'agit-il réellement ? C'est ce que je vous propose de voir dans cet épisode.
Concrètement, les chercheurs ont séquencé en très grand nombre l'ADN de centaines d'échantillons de sédiments récoltés dans les profondeurs des océans au cours de 15 campagnes réalisées autour du monde entre 2010 et 2016. Ces analyses ont ensuite été intégrées à d'autres données issus d'expéditions parallèles cette fois sur les couches d'eau photiques (la zone marine traversée par la lumière et où les végétaux peuvent vivre) et aphotiques (là où la lumière ne pénètre pas) dans l'Océan. Sans rentrer dans le détail, les analyses montrent que les sédiments marins prélevés dans les abysses contiennent au moins trois fois plus de biodiversité. Ainsi, la biodiversité est un facteur principal du transfert et du stockage du carbone atmosphérique au fond de l'Océan pour des millénaires. Si les abysses venaient à être dénaturés, polluées ou exploité par l'Homme, c'est donc la capacité de tous les océans à capter le CO2 qui serait menacée. Autrement dit, sans les abysses, le réchauffement climatique serait terriblement pire qu'aujourd'hui.
Si vous ne le saviez pas, le gaz carbonique présent dans l’atmosphère se dissout dans les océans, puis est capté par les algues microscopiques qui se développent à la surface des mers, et fait la photosynthèse avec la lumière. Le carbone, l’azote et le phosphate dans l’eau sont ainsi transformés en particules de matière. À la mort des algues, ces particules chutent dans les profondeurs, formant des sédiments renfermant du carbone. C’est ce qu'on appelle la séquestration du carbone par la « pompe biologique ». En mettant de côté les activités humaines, on estime ainsi que l’atmosphère contiendrait deux fois plus de gaz carbonique sans cette pompe biologique des océans. Au même titre que les forêts séquestrent du carbone, la biologie marine contribue à la régulation de la concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère.
Pour résumer, ce travail révèle l'importance immense des fonds marins, en tant que réservoir de biodiversité et d'après les chercheurs, la nécessité de les protéger. Ces derniers mois, des discussions avaient lieu pour légiférer sur l'exploitation minière en haute mer, ce qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur cette fameuse séquestration du carbone.
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