L'océan est de plus en plus envahi par des déchets plastiques, mais quel est le risque que ces fragments atteignent l'Antarctique, le dernier continent encore largement préservé ? Des chercheurs australiens et néo-zélandais se sont penchés sur cette question en utilisant des simulations informatiques. Leur étude, publiée dans *Global Change Biology* le 22 août 2024, a exploré les courants marins et les vagues entre 1997 et 2015 pour déterminer d'où proviennent les débris qui pourraient finir par s'échouer sur le continent blanc.
Leurs conclusions sont préoccupantes : les débris plastiques, les algues et le bois mort peuvent voyager sans effort depuis les îles subantarctiques comme les Kerguelen, mais aussi depuis des régions beaucoup plus éloignées comme l'Australie, l'Afrique et l'Amérique du Sud. « Le continent blanc subit un bombardement constant de tout ce qui flotte, qu'il s'agisse d’algues ou de bouteilles en plastique », explique le Dr Adele Morrison de l'Université nationale australienne.
Ces débris transportent avec eux des organismes marins, souvent des espèces invasives, qui menacent l'écosystème fragile de l'Antarctique. « L'augmentation des plastiques et autres débris d'origine humaine dans les océans multiplie les opportunités pour ces organismes d'atteindre l'Antarctique », souligne le Dr Hannah Dawson, de l'Université de Tasmanie. Jusqu'à présent, la glace de mer a agi comme une barrière naturelle, empêchant ces organismes de coloniser le continent. Mais cette glace est en recul, notamment en raison du changement climatique, ce qui pourrait faciliter leur installation. Si cette tendance se poursuit, les chercheurs avertissent que les écosystèmes de l'Antarctique pourraient être gravement affectés. Les microplastiques retrouvés dans la neige antarctique en 2019 avaient déjà mis fin au mythe d'un continent vierge, isolé du reste du monde.
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