Avez-vous entendu parler de l’expédition Tara Océan ? Si oui, vous voyez sans doute où je veux en venir, et dans le cas contraire, retenez bien ce nom Tara Océan, puisque d’après la revue Science, elle pourrait tout simplement être le point de départ d’une toute nouvelle stratégie de lutte contre le réchauffement climatique. En effet, les chercheurs embarqués à bord de cette expédition ont découvert de nouvelles espèces de virus, certaines impliquées dans le stockage du carbone en mer. Installez-vous confortablement, on part direction l’océan !
Tout remonte au mois d’avril dernier quand une équipe de scientifiques révélait avoir identifié plus de 5.500 espèces de virus à ARN - des virus dont le matériel génétique est constitué d'acide ribonucléique, par opposition aux virus à ADN- dans des échantillons recueillis à bord du voilier français Tara. On y avait d’ailleurs consacré un épisode de Choses à Savoir Tech Verte que je vous invite à écouter si ce n’est pas déjà fait. À l’époque, certains chercheurs craignaient que certains de ces virus ne soient dangereux pour la santé et ne provoquent à l’avenir de nouvelle pandémie peut-être plus virulente encore que les différents variants de la COVID. D’autres en revanche, suggéraient que certains de ces virus pourraient jouer un rôle majeur dans l'écosystème marin. Ce n’est pas un secret, les océans séquestrent 30% du CO2 émis dans l’atmosphère. Dès lors, le milieu marin est considéré comme un puit de carbone naturel gigantesque et indispensable à la bonne santé de la Terre. Et si le CO2 se dissout en grande partie dans l’eau sous forme d’acide carbonique, certains végétaux marins microscopique comme le phytoplancton consomment eux aussi une bonne part de ce CO2. Le phytoplancton étant un organisme vivant, il peut lui aussi être infecté par des virus, et c’est là que l’hypothèse des chercheurs est intéressante.
En analysant la génétique du phytoplancton, les chercheurs sont parvenus à identifier au moins 11 virus pouvant avoir un impact particulièrement important sur la séquestration du carbone en mer. D’après Matthew Sullivan, professeur de microbiologie à l’Université de l’Etat de l’Ohio, certains virus ARN « contrôleraient » la séquestration du carbone dans les océans, empêchant que ce dernier ne soit libéré à la mort des végétaux marins et ne participe au réchauffement de l’atmosphère. Dans ce cas précis, les phytoplancton mort sombreraient dans les profondeurs. Quelle conclusion tirer de ce résultat ? Si certains diront qu’il faut augmenter le nombre de ces virus pour piéger naturellement encore plus de carbone dans les océans -ce qui n’est pas vraiment une super idée, car jouer avec les virus, la science-fiction nous a montré que ça menait souvent au pire-, et bien les chercheurs estiment que leurs résultats permettront de mieux cerner de cycle du carbone sur la planète, afin d’anticiper un peu plus efficacement les conséquences du changement climatique.
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