Alors que Twitter était autrefois une plateforme prometteuse pour les scientifiques afin de partager leurs connaissances, ces derniers la désertent en masse en raison du cyberharcèlement dont ils sont victimes. Ces derniers mois, et plus précisément depuis l'acquisition de Twitter par Elon Musk en l’année dernière, cet acharnement contre les experts en climat a tout simplement explosé.
Une étude publiée dans la revue Trends in Ecology & Evolution démontre que la moitié des militants en faveur du climat et de la biodiversité ont quitté Twitter au cours des dix derniers mois. Dans cette étude, les chercheurs ont comparé deux groupes d'utilisateurs de Twitter. D'un côté, un groupe constitué d'environ 450 000 internautes plutôt favorable à la lutte contre le changement climatique, et de l'autre, 380 000 comptes qui contestent les observations scientifiques liées au changement climatique. Dans leurs conclusions, les chercheurs estiment que 47,5 % des comptes du premier groupe sont devenus inactifs six mois après l'arrivée de Musk à la tête de la plateforme, contre seulement 21 % des comptes relayant leur scepticisme envers le changement climatique.
Et cela s’explique en partie par le fait que depuis son acquisition, Elon Musk a considérablement réduit les effectifs de modération sur la plateforme. Il a également rétabli des comptes qui avaient été suspendus auparavant en raison de discours haineux et de théories conspirationnistes. À présent, il envisage de désactiver la fonction de blocage de compte. D’ailleurs, une enquête publiée par la revue Nature confirme cette tendance à l'augmentation du cyberharcèlement, en interrogeant près de 9200 scientifiques. Plus de la moitié d'entre eux ont déclaré avoir réduit leur temps sur Twitter au cours des six derniers mois, et un peu moins de 7 % ont complètement cessé de l'utiliser.
Pour saisir l’ampleur de ce phénomène de harcèlement, il est intéressant de se pencher sur les profils des auteurs de messages haineux. C'est ce qu'a entrepris le chercheur David Chavalarias dans son étude intitulée "Les nouveaux fronts du dénialisme et du climato-scepticisme", publiée en février dernier. Concrètement, l'étude se fonde sur une analyse sémantique de millions de tweets liés au climat, tout en décortiquant les méthodes de désinformation utilisées. Ainsi, il ressort que les comptes climato-sceptiques sont étroitement associés aux comptes anti-vaccins qui ont prospéré pendant la pandémie. Une augmentation des messages haineux a notamment été constatée en juillet 2022, durant une période de fortes chaleurs. De nombreux comptes automatiques, des bots, sont également à l'origine de ces campagnes de dénigrement. L'étude affirme je cite, que "la communauté du déni du changement climatique présente une surreprésentation de comptes au comportement inauthentique de +71 % par rapport aux communautés favorables au climat, avec 6 % de comptes 'probablement des bots'" fin de citation. Aujourd’hui de nombreux scientifiques ont changé de plateforme pour diffuser leurs pensées et travaux, comme LinkedIn, Thread, Mastodon ou encore TikTok.
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