Avec le boom de l'IA générative, la consommation d'eau des entreprises de la tech ne cesse de grimper. En 2022, Microsoft a augmenté sa consommation d'eau de 34 %, Google de 22 % et Meta de 3 %. Selon Shaolei Ren, professeur à l'université de Californie, réaliser entre 10 et 50 réponses à ChatGPT, alimenté par GPT-3.5, équivaudrait à « boire » une bouteille d'eau de 500 ml.
Pour être clair, la demande croissante en IA risque d'entraîner une augmentation de l'extraction de l'eau de 4,2 à 6,6 milliards de mètres cubes d'ici 2027 d’après les estimations des chercheurs, ce qui équivaut à la moitié de la quantité consommée par la population du Royaume-Uni chaque année. Je cite Kate Crawford, spécialiste de l'IA et professeur à l'université de Californie du Sud, « d'ici quelques années, les grands systèmes d'intelligence artificielle auront probablement besoin d'autant d'énergie que des pays entiers » fin de citation. Le problème est d'autant plus grave dans un contexte de pénurie d'eau douce de plus en plus récurrentes, d'aggravation des sécheresses et du vieillissement rapide des infrastructures publiques d'approvisionnement en eau.
D’ailleurs, les entreprises concernées reconnaissent la situation. Je cite OpenAI, « nous reconnaissons que l'entraînement de grands modèles peut être gourmand en eau, et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous travaillons constamment à améliorer l'efficacité » fin de citation. À noter que leurs modèles fonctionnent grâce aux serveurs de Microsoft. Si les opérateurs de centres de données ont d’ailleurs pour objectif de réinjecter plus d'eau que leurs installations n'en consomment d'ici 2030, les autorités sont également au courant du problème. Début février, des élus démocrates américains ont présenté une loi sur les impacts environnementaux de l'intelligence artificielle, qui inclut, notamment, la création de normes pour évaluer les effets de la technologie sur l'environnement.
Cependant, ce n'est pas assez selon les experts. Pour Kate Crawford que je cite à nouveau, « si l’on veut s'attaquer véritablement aux incidences de l'IA sur l'environnement, il est nécessaire d'adopter une approche à multiples facettes incluant l'industrie de l'IA, les chercheurs et les législateurs » fin de citation. Elle appelle également les fournisseurs d'IA à collaborer avec des spécialistes des sciences sociales et environnementales pour orienter les conceptions techniques vers une plus grande durabilité écologique. Car outre l'eau, les centres de données nécessitent aussi de grandes capacités d'énergie. D'ici 2026, la consommation d'électricité des datacenters en Europe devrait augmenter de 50 %, d’après l'Agence internationale de l'énergie.
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