Sur les rives d’un réservoir contaminé, suspecté de provoquer une hausse des cancers dans la région, Yury Uribe, habitante de Tepetitlán, près du barrage Endhó dans l'État d'Hidalgo, lutte depuis des années contre un véritable désastre environnemental. Ce barrage, situé au nord de Mexico, reçoit les eaux usées de la capitale et de sa banlieue, ainsi que des résidus industriels. Les eaux troubles du réservoir, où flottent moustiques, déchets et parfois même des cadavres humains, témoignent de l'ampleur du problème.
Depuis deux décennies, Yury et les 10 830 habitants de Tepetitlán se battent pour stopper la pollution des puits. Membre du Mouvement social de la Terre, une ONG créée en 2004, Yury s'efforce de faire connaître cette tragédie qui frappe une zone de 25 000 hectares, qualifiée de "zone sacrificielle" par le gouvernement en 2019. "Ces zones sont sacrifiées pour que Mexico puisse bien fonctionner", dénonce la militante.
La lutte n'a pas été vaine. Grâce à une enquête approfondie de la chaîne N+, récompensée par le prix de journalisme Breach-Valdez 2024, la réalité alarmante de cette pollution a été mise en lumière. Selon cette enquête, les décès par cancer ont augmenté de 189 % dans la région de Tula entre 2010 et 2020, contre 30 % dans le reste du Mexique. Cette mobilisation a conduit, en juin dernier, à une première victoire : les autorités ont annoncé leur intention de déclarer la région du barrage Endhó "zone de restauration écologique", un "acte de justice sociale" selon le ministère de l'Environnement.Pour les habitants, la pollution est sans conteste liée aux cancers et aux maladies gastro-intestinales qui ravagent la communauté. Les autorités ont promis d’enquêter sur ce lien, tandis que les eaux du barrage continuent d’irriguer les cultures de la vallée du Mezquital, fournissant des aliments de base comme le maïs et le piment aux marchés de Mexico et d’autres États.
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