Quand de nombreux pays tentent de réduire leurs énergies fossiles, le plus gros pollueur de la planète -la Chine- a décidé de faire l'exact inverse en augmentant sa production de charbon cette année. Pourquoi le gouvernement a-t-il changé son fusil d'épaule peu de temps après voir annoncé des efforts massifs pour atteindre la neutralité carbone dans les décennies à venir ? Il semblerait que les intérêts à court terme soient tout simplement plus fort que les préoccupations environnementales.
Au total, la Chine produira 300 millions de tonnes de charbon supplémentaires en 2022, ce qui représente une hausse de 8% par rapport à l’année dernière, où 4 milliards de tonnes de charbon avaient été produites, et qui constituait déjà à l'époque un record historique. Concrètement, les mines actuellement exploitées produiront davantage. Ensuite, de nouvelles mines devraient prochainement être ouvertes, notamment dans la zone d’Ordos en Mongolie intérieure, ainsi qu'au nord du pays où les réserves sont estimées à 2 milliards de tonnes. Au final, la Chine solidifie un peu plus sa place de producteur n°1 de charbon avec la moitié de la production mondiale. À noter que son mix énergétique dépend à 60% de cette énergie fossile, ce qui mécaniquement, fait également du pays le premier pollueur du monde... Augmenter la production de charbon ne devrait certainement pas arranger les choses.
En fait, la Chine vise un objectif économique à très court terme, à savoir je cite « maintenir une vie normale [et poursuivre le développement économique du pays dans une logique de croissance et d’essor de la consommation interne] ». Pour ce faire, il lui faut donc beaucoup d'électricité, qui à coup sur proviendra du charbon. Autre objectif, intensifier son indépendance énergétique et carrément se passer de toute importation à moyen terme. Un tel constat est étonnamment contradictoire avec la volonté affichée du pays de lutter contre le réchauffement climatique. À l'automne dernier, le pays s’était engagé à atteindre son pic d’émissions en 2030 pour atteindre la neutralité carbone en 2060 via des investissements massifs dans les énergies alternatives. Sur ce point, trois nouvelles centrales nucléaires seront construites dans les années à venir. Également, le pays poursuit son projet emblématique : produire dans le désert de Gobi 455 gigawatts d'électricité d'ici 2030, soit quasiment le double de la production totale des États-Unis. Paradoxalement, la Chine représente à la fois l’essor du pire avec le charbon, mais aussi le développement du meilleur étant donné qu'elle est leader dans la production d'énergies renouvelables.
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