Les barrages hydroélectriques produisent environ 6 % des émissions de méthane de la planète et continuent de polluer plus de 20 ans après leur construction, d'après un article d’une équipe de chercheurs québécois dans la revue Nature Geosciences en septembre 2022. Ce gaz à effet de serre, plus puissant que le dioxyde de carbone mais persistant moins longtemps dans l'atmosphère, est émis par des bactéries qui dégradent la matière organique présente notamment au fond des réservoirs. Or, le passage de l'eau dans les turbines pour produire de l’électricité déclenche la libération des bulles de méthane stockées au fond des réservoirs.
Etant donné que la décomposition des restes végétaux par les microorganismes dans ces réservoirs tend à diminuer au fil du temps, "le pire est derrière nous", d’après cette équipe de chercheurs, qui souligne cependant je cite « que l’on assiste depuis quelques années à un nouveau boom de projets, notamment en Asie et en Amérique du Sud ». Mais contrairement à hier, des startups tentent aujourd'hui de capter le méthane issu de ces installations et de l'exploiter comme source d'énergie, C’est le cas de Louise Bentata, directrice générale et cofondatrice de Bluemethane, qui développe au Royaume-Uni, une technologie qui capture le méthane des masses d'eau telles que les réservoirs (d'hydroélectricité) et les stations d'épuration.
Une fois capturé, le méthane peut ensuite être utilisé comme biogaz pour la production d'électricité ou transformé en gaz naturel, qui peut servir au chauffage, à la production d'électricité ou comme carburant pour des véhicules. Il peut également être converti en hydrogène ou utilisé dans des piles à combustible pour produire de l'électricité. Si près des trois quarts des augmentations de capacité hydroélectrique mondiale en 2022 ont eu lieu en Chine d’après l’Agence internationale de l'énergie, l'équipe de Bluemethane mesure actuellement les émissions de ce gaz au niveau d'une vingtaine de réservoirs situés au Brésil, où l'hydroélectricité est la principale source d'énergie, ainsi qu’au Cameroun.
On est d’accord, l'utilisation du méthane à des fins énergétiques finit par libérer du dioxyde de carbone dans l'atmosphère, mais, d’après l’article, pas plus que ce que la matière organique se décomposant au fond des réservoirs finirait de toute façon par dégager. La technologie développée par Bluemethane pourrait s'avérer encore plus utile au niveau des bassins où finissent les eaux usées, d’après la physicienne Carole Helfter. « l'un des lacs de Bangalore, en Inde, qui reçoit chaque jour les eaux usées non traitées de millions de personnes, produit tellement de méthane qu'il prend parfois feu. Dans des endroits comme celui-ci, si l'on peut exploiter ces grandes quantités de méthane, on peut créer de l'énergie et réduire le risque d'incendie » fin de citation. Si certaines initiatives ont déjà été mise en place, il faudrait un déploiement à grande échelle pour limiter l’impact du méthane.
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