Dans le cadre des JO, Toyota, le géant automobile japonais, a annoncé le déploiement de plus de 500 véhicules à hydrogène. Présentée comme une avancée écologique, cette initiative est désormais au cœur d'une controverse. Une lettre ouverte, signée par 120 scientifiques, dont David Cebon de l'Université de Cambridge, interpelle le Comité International Olympique et Anne Hidalgo sur la pertinence environnementale de ce choix. Selon ces experts, l'hydrogène pourrait paradoxalement augmenter le bilan carbone de l'événement.
Les chercheurs s'appuient sur les conclusions du GIEC, affirmant que « les véhicules électriques à batterie sont le moyen le plus efficace de décarboner le transport de passagers ». Ils soulignent l'inefficacité énergétique des véhicules à hydrogène, nécessitant trois fois plus d'électricité renouvelable que leurs homologues électriques. « L'utilisation de l'hydrogène pour le transport routier détourne l'attention des solutions réelles disponibles aujourd'hui, retardant leur mise en œuvre », déclarent-ils. Toyota défend son projet en précisant que l'hydrogène utilisé sera d'origine renouvelable, fourni par Air Liquide. Les scientifiques, toutefois, maintiennent leur position : même avec de l'hydrogène « vert », l'impact environnemental et financier serait supérieur. Ils citent l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui indique que l'hydrogène à faibles émissions représente seulement 0,6 % de la demande totale.
Les tentatives antérieures d'utilisation de l'hydrogène, notamment lors des JO de Tokyo 2020, ont échoué. Les chercheurs rappellent les difficultés rencontrées par plusieurs pays, dont les États-Unis, l'Allemagne et le Royaume-Uni, face aux coûts élevés et à la disponibilité limitée de l'infrastructure hydrogène. Toyota elle-même admet la faible popularité de sa Toyota Mirai et ne prévoit pas de transition significative vers l'hydrogène d'ici la fin de la décennie. David Cebon accuse Toyota de retarder la transition vers les véhicules électriques, qualifiant leur stratégie de « dilatoire et cynique ». Les chercheurs exhortent le CIO à imposer à Toyota de remplacer toute la flotte des Jeux par des véhicules électriques à batterie. Une demande ambitieuse, à moins de deux semaines du début des JO.
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