À Tchornobaïvka, dans la banlieue nord de Kherson, se déroule une enquête pas comme les autres : la première plainte pour écocide liée à l'invasion russe. En cause, les conséquences de la destruction par des explosions du barrage de Kakhovka, sur le fleuve Dniepr, le 6 juin… La rupture d'une partie de l'édifice avait provoqué d'importantes inondations et fait des dizaines de morts, et plus de 13 milliards d'euros de dégâts selon l'ONU. Si Moscou et Kiev se sont rejetés la responsabilité de cette catastrophe, il faut noter que le barrage se trouve en zone contrôlée par les Russes. L’armée Ukrainienne avait pointé du doigt selon eux une stratégie militaire de la Russie visant à freiner la contre-offensive en inondant la région.
A la tête d'une équipe composée d'écologistes et supervisée par la police scientifique se trouve le procureur ukrainien Vladyslav Ignatenko. Pour rappel, le chef d'accusation d'écocide est intégré au code pénal ukrainien depuis 2001. Pour enquêter sur les conséquences de la destruction du barrage, Maksym Popov, conseiller spécial pour les crimes environnementaux auprès du procureur général ukrainien, a déployé "172 procureurs et 285 enquêteurs" et a l'intention de poursuivre la Russie "dans les juridictions ukrainiennes et internationales". Cependant, aucune loi internationale ne prévoir le crime d'écocide dans ses textes. Ceci dit, l’article 8 du statut de Rome, qui régit les lois de la Cour pénale internationale, définit des crimes de guerre dommageables à l'environnement, ce qui signifie malheureusement que cette plainte aboutira difficilement, étant donné qu’il faudrait prouver que la Russie voulait intentionnellement détruire l'environnement.
Pour le professeur associé à l'université de Zaporijjia, Vadym Maniouk, il n’y a pas que les inondations dont je viens de vous parler qui sont la preuve d’un écocide. Il y a aussi l’assèchement d’une zone en amont du Dniepr où 4 mètres ont tout simplement disparu. Pour lui, l'écocide est indéniable, je le cite, "des milliards d'organismes vivants ont été soudainement tués en quelques jours" fin de citation, même s’il concède que la vie a repris ces droits sur cette zone avec de nouvelles pousses d’arbres. L’enquête devrait durer encore plusieurs mois, mais au vu du manque de texte sur les écocides dans le droit international, ne devrait malheureusement pas avoir de véritables conséquences, si ce n’est avertir le monde entier de l’état de la nature dans une zone de guerre comme l’Ukraine.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.