Peut-être avez-vous déjà entendu parler du biochar, ce composé naturel utilisé dans les vignes, les forêts et les grandes cultures, et dont les nombreuses vertus font le bonheur les connaisseurs. En fait, le biochar, du charbon végétal en somme, agit comme une éponge en absorbant l'eau et les nutriments. Son efficacité dépend du type de sol sur lequel il est appliqué, mais il peut redonner vie aux plus abîmés en améliorant leur fertilité grâce à l'aération et au développement d’une microbienne, réduisant ainsi de recourir aux engrais.
L’un des atouts principaux du biochar, c’est qu’il est considéré par le GIEC comme une "technologie à émissions négatives" ou "puits de carbone". En effet, il permet de séquestrer le carbone et de le stocker pendant des centaines d'années pour lutter contre le réchauffement climatique. En France, plusieurs entreprises comme Sylva Fertilis s’attellent à produire du biochar dans des fours à pyrolyse, où quatre tonnes de résidus forestiers et agricoles deviennent une tonne de biochar une fois brûlés. Plus précisément, la biomasse est carbonisée à environ 500 degrés et sans oxygène. En résulte du charbon sous forme de petits grains ou paillettes. Ainsi, une tonne de biochar permettrait de séquestrer l’équivalent de deux à trois tonnes de CO2.
Cependant, le coût de production est un obstacle majeur au développement du biochar. En effet, les agriculteurs, qui seraient les premiers bénéficiaires de son utilisation, devraient en consommer plusieurs centaines de kilos par hectare pour bénéficier de ses effets… Or, le biochar se vend près de 800 euros la tonne en Europe. Pour l’entreprise française NetZero, une production à grande échelle en zones tropicales, comme au Brésil où elle a ouvert une usine, permettrait de remédier à ce problème. En effet, là-bas la biomasse y est abondante, peu valorisée et bon marché.
D’après le groupement des producteurs et industriels européens (European Biochar Industry) plus de 130 projets, principalement en Allemagne et dans les pays nordiques, ont été recensés avec une capacité de 53.000 tonnes par an. Pour faire baisser les coûts, l’entreprise Carbonloop veut adosser la production de biochar à la production d'énergie pour des sites industriels. Car la transformation de la biomasse par la pyrolyse permet aussi d'obtenir du biogaz renouvelable et neutre en carbone, qui peut ensuite être transformé en électricité et en chaleur. Sur le papier, le biochar permettrait d’améliorer les sols et donc l'agriculture de manière significative, tout en décarbonant massivement la planète. Reste à savoir si les dirigeants politiques seront convaincus par cette démonstration au point de soutenir massivement le développement de la filière du biochar.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.