D’après le ministre de l’environnement indien, "la pollution est une urgence". L’air de la ville de New Delhi et sa région, soit une mégapole de 30 millions d'habitants toujours en pleine expansion, est régulièrement classé parmi les pires que l’on puisse respirer dans le monde, au point que certains responsables politiques locaux parlent d’air-pocalypse. Le niveau de PM 2,5 – microparticules cancérigènes qui pénètrent les poumons et le sang – est souvent plus de 30 fois supérieur au niveau maximum fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et l'espérance de vie des habitants serait de 12 ans inférieur à la moyenne mondiale d’après l'Energy Policy Institute de l'Université de Chicago.
Afin de venir à bout de ce fléau vieux de plusieurs décennies, un centre de coordination de haute technologie a été ouvert en octobre. 17 experts y surveillent l'évolution de la pollution en temps réel grâce aux images satellite de la NASA et à des capteurs. Baptisée "Green War Room" ou "salle de guerre verte", il s’agit d’une plateforme de coordination reliée à 28 agences gouvernementales. Dès que la qualité de l'air se dégrade, le centre alerte ses équipes sur le terrain pour qu’elles agissent immédiatement. Ainsi, une usine polluante peut recevoir un avertissement, ou un feu dans une décharge d'ordures être éteint par exemple. En revanche, la salle de guerre verte ne peut rien faire contre l'une des principales sources de pollution, à savoir les brûlis agricoles, responsables du brouillard jaunâtre et toxique qui, avec les émissions industrielles et automobiles, asphyxient chaque hiver la région de Delhi.
En 2020, une étude de la revue médicale britannique The Lancet imputait plus d’un millions et demi de décès prématurés à la pollution de l'air en Inde dont près de 17 500 rien que dans la capitale. En parallèle, les autorités de Delhi ont lancé des pulvérisations biochimiques pour accélérer la décomposition des polluants. Mais malgré une bonne volonté sur le plan environnemental, plus des deux tiers de la pollution atmosphérique que subit la ville sont générés hors des frontières de son territoire, où les autorités locales n'ont pas le pouvoir d'agir. À noter que l’Inde reste fortement dépendante du charbon pour sa production d’énergie. Le pays a vu ses émissions par habitant augmenter de 29 % ces sept dernières années et rechigne à appliquer des politiques afin d'éliminer progressivement les combustibles fossiles polluants.
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