Face à la pollution de l’air, de nombreuses technologies voient le jour comme le captage du carbone ou encore les carburants verts comme l’hydrogène. Mais à défaut d’investir, certains dirigeants politiques, notamment les maires de certaines villes de France, préfèrent tester d’autres solutions. C’est notamment le cas à Paris, Nantes, Grenoble, Poitiers et dans d’autres grandes villes où certaines portions routières ont vu leur vitesse réduite. La logique voudrait en effet que rouler moins vite engendre moins de pollution, mais qu’en est-il réellement ?
Alors si réduire la vitesse permet mécaniquement, dans un autre registre, de réduire le nombre d’accident mortel, et bien cela permet en effet de réduire aussi la quantité de gaz à effet de serre rejetée… De quoi crédibiliser les défenseurs de cette solution… sauf que cela est en réalité très variable selon les caractéristiques de chaque véhicule. En détail, d’après le Centre d'études et d'expertises sur l'environnement (CEREMA), le poids du véhicule, son modèle, son type de carburant, le démarrage à froid ou à chaud et la densité du trafic routier… tout cela cumulé ferait considérablement varier les rejets de CO2. Conséquence : rouler moins vite ne voudrait pas systématiquement dire polluer moins. C’est parfois même l’inverse dans certains cas.
Exemple concret avec les camionnettes et voitures utilitaires qui à 20km/h consommeraient et émettraient autant de pollution qu’à 130km/h. Ces véhicules sont en effet conçus pour permettre aux professionnels de déplacer des charges importantes et de gros volumes, et donc consomment davantage de carburant qu’une petite voiture citadine. Car rouler en vitesse constante à 20 ou 30 km/h nécessite de créer beaucoup plus de puissance pour avancer. En revanche, une fois lancé à 90 km/h par exemple, le véhicule profite de sa propre vitesse et de son poids pour avancer, ce qui à l’inverse, nécessite moins de puissance et donc moins de carburant. Ceci dit, il convient également de prendre en compte l’état des routes, puisqu’une chaussée mal entretenue dégrade les pneus et engendre une plus grande consommation de carburant, et donc davantage de pollution.
Face à ces constats peu flatteurs, plusieurs dirigeants politiques se sont engouffrés dans la brèche, notamment le candidat Les Républicains à la présidentielle Xavier Bertrand, pointant du doigt l’absurdité de réduire la vitesse à 30 km/h en ville. Or, en ville, la densité du trafic fait que l’on roule davantage par à-coups qu’à vitesse constante. Limiter la vitesse permettrait peut-être de fluidifier le trafic et donc l’installer l’écoconduite, qui consiste justement à ne pas rouler par à-coups pour consommer moins de carburant. Une confusion qui à pousser le CEREMA à préciser je cite « qu’on ne peut pas conclure que des vitesses limitées à 30 km/h sont nécessairement plus négatives en termes d’émissions que des vitesses à 50 km/h ».
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