On en a déjà parlé sur le réseau Chose à Savoir, l'Arabie Saoudite a lancé la construction de The Line, sa cité futuriste en forme de ligne haute de plus de 500 mètres et longue de plus de 170 km dans le désert. Si le projet est présenté comme « la ville de demain », force est de constater que la réalité n'est pas aussi chatoyante que ce que la communication du pays laisse penser. Fin octobre, plusieurs média du Moyen-Orient ont rapporté de nombreux manquement sur le plan humain et écologique.
Annoncé officiellement il y a moins de trois mois, The Line est déjà en travaux d'après l’entreprise spécialisée dans la photographie aérienne Ot Sky, qui a publié des images prises par drone. On y voit notamment les premières fondations où des ouvriers travaillent, ainsi que des camions de chantier. Ainsi, le tracé de la ligne est presque déjà terminé. Mais comme je vous le disais, ce projet pose plusieurs problèmes, tout d'abord écologiques, avec des conséquences sur les ressources en eaux notamment, sans oublier la flore et la faune sauvage. À ce stade difficile de l'avancée du chantier, difficile de dire précisément quels seront le coût pour la nature, mais déjà, les défenseurs de l'environnement sont sur le qui-vive. Difficile de leur donner tort quand on sait que le chantier s'étale sur 170 kilomètres de long. Mais au-delà de ça, et à l'image des voisins du Qatar, c'est surtout la situation humaine qui fait froid dans le dos.
En effet, la ville du futur est pointée du doigt par certains médias de cette région du monde, comme megaphone.news, un site libanais dont les propos ont été relayés par Les Echos en France mi-octobre. Ainsi, on apprend que trois hommes ont été condamnés à mort par des tribunaux d’exception saoudiens. L’un de ces trois hommes était militant, et aurait été tué en 2020 par les forces de l’ordre saoudiennes, après avoir publié des vidéos sur les réseaux sociaux, s’opposant déjà à la construction de The Line. Je le cite, « je serai tué et ils m’accuseront d’être un terroriste parce que j’ai refusé d’être déplacé et de quitter mon domicile » fin de citation. Un témoignage glaçant qui sonnait à l'époque comme une prédiction, et qui par ailleurs montre bien que le problème humain ne date pas d'hier sur ce projet. Au total, environ 20 000 membres de la tribu des Howeitat ont été forcés de quitter le territoire où s'est implanté le chantier de The Line, un territoire qu'elles occupaient depuis des siècles. Et puis de l'autre côté du spectre, il y a des dirigeants occidentaux que l’Arabie Saoudite a employé au prix fort pour venir coordonner les travaux de construction de la ville. Selon le Wall Street Journal, le royaume proposerait de rémunérer ces recrues près d’un million de dollars par an.
Pour rappel, ce projet se veut aussi vert que possible, sans route, ni voiture, ni aucune émission polluante. Je cite la communication du gouvernement saoudien, « The Line utilisera des énergies 100 % renouvelables et 95 % des terres seront préservées pour la nature ». Pour réaliser ce projet faramineux, plus de 500 milliards de dollars ont été mis sur la table. The Line devrait s’étendre sur 170 km de long pour une surface totale de 26 000 km carrés construit. Concrètement, tout est censé se passer dans les airs, car l’objectif du prince d’Arabie Saoudite à l'origine de ce projet est de construire une ville de gratte-ciel pouvant héberger 9 millions d’habitants et plus de 5 millions de touristes par an. Point d'orgue de la démesure, qui n'a pas manqué de faire réagir, notamment les occidentaux, The Line est censée accueillir les Jeux asiatiques d’hiver en 2029... donc en plein désert.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.