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Un nez artificiel pour détecter de nouvelles substances dans l’océan ?

2 min • 12 november 2023

Qui a dit que l’eau de mer, ce n’était que de l’eau pure et du sel ? En réalité, sa composition est bien plus complexe que cela. Selon de nombreux biologistes marins, il s'agirait d’une véritable "soupe" de molécules dissoutes, émises par les êtres vivants, visibles ou microscopiques. Il s’agit à la fois de déchets rejetés par les organismes ou encore de messages chimiques d’une espèce destinés à ses congénères pour ne citer que ça, mais en tout cas, certaines substances ont un potentiel majeur pour le développement de nouveaux médicaments ou de procédés industriels révolutionnaires. Reste à savoir comment les détecter…

À cette question, une équipe de chercheurs a répondu « I smell », je sens en français. Il s’agit du dispositif présenté dans la revue ACS Central Science début novembre, ou de son nom complet : In Situ Marine moleculE Logger. Concrètement, l’appareil est étanche, tenu en mains par un plongeur et pompe l'eau de mer à travers des disques semblables à des cotons démaquillants qui "adsorbent", ou plutôt piègent en surface les molécules, analysées ensuite en laboratoire. Les chercheurs ne l’ont pas testé en pleine mer mais dans des grottes sous-marines de la mer Méditerranée, profondes d'une vingtaine de mètres et peuplées notamment par des éponges. Et d'après leurs résultats, I-SMEL a capté des "structures moléculaires inconnues". Les plus perspicaces se demanderont sans doute pourquoi ne pas avoir prélevé directement des échantillons d'éponges et d'autres animaux marins qui se trouvaient dans les grottes sous-marines ? Et bien parce que les chercheurs ont souhaité développer un outil "non-invasif", qui n'abîme pas les écosystèmes fragiles. Autre raison un peu plus surprenante : les substances sont parfois plus concentrées dans l'eau que dans l'organisme qui les a produites ! Ainsi, l'aéroplysinine-1 – connue pour ses puissants effets antibiotiques – était environ 20 fois plus abondante dans l'eau de mer que dans un échantillon de l’éponge qui la synthétise d’après les chercheurs.

Ces derniers soulignent également le fait que I-SMEL représente selon eux non seulement un moyen non-invasif de détecter de nouvelles molécules afin de découvrir de futurs médicaments, mais aussi d'obtenir des informations sur la santé d'un écosystème. Prochaine étape : adapter le dispositif pour qu'il puisse fonctionner de façon autonome, qu’il soit pilotable à distance et puisse fonctionner sur de longs trajets.



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