À la question « une agriculture européenne sans pesticides est-elle possible en 2050 ? », une étude prospective menée par l'Institut national de la recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), explore trois scénarios montrant que cette transition est envisageable, mais à condition d'apporter de profonds changements via les politiques publiques.
En ligne avec les objectifs européens de réduction de l'utilisation des pesticides de 50 % d'ici 2030 par rapport à 2015-17, l’Inrae a rassemblé pendant deux ans 144 experts, scientifiques et acteurs du monde agricole pour je cite « explorer les chemins possibles ». Olivier Mora, chercheur à l'Inrae et coordinateur de l'étude, a déclaré à l'AFP : « nous avons cherché à savoir comment une transition pourrait être mise en place, avec quelles évolutions des systèmes agricoles et alimentaires européens, et quel serait l'impact sur les productions, l'environnement et les émissions de gaz à effet de serre ».
À la suite de ces travaux, trois scénarios ont été établis, et tous impliquent une diversification des cultures, le développement du biocontrôle, des dispositifs d'épidémiosurveillance et l'utilisation de la numérisation et de la robotique. Le premier scénario, appelé « Marché global », nécessite l'harmonisation des normes du marché agricole européen et mondial, des investissements dans des technologies de pointe et le renforcement du biocontrôle, largement piloté par l'intelligence artificielle. Le deuxième scénario, intitulé « Microbiomes sains », vise également à promouvoir un régime alimentaire sain, en produisant plus de légumineuses, de céréales secondaires (comme l’orge ou l’avoine...), plus de fruits et légumes, et en réduisant la consommation de viande et de produits ultratransformés. Le troisième scénario, « Paysages emboîtés », implique une modification profonde des paysages agricoles, fournissant non seulement des aliments sains et locaux, mais renforçant également la biodiversité à l'échelle des territoires. Il nécessite une diversité de paysages, avec une augmentation de 20 % d'habitat semi-naturel (haies, bois, mares…) prélevée dans les prairies notamment.
Pour construire un paysage dit « mosaïque », les cultures doivent être plus variées sur des surfaces plus petites, ce qui est bénéfique dans la lutte contre les bioagresseurs, qui auront plus de difficulté à s'implanter et à se répandre. Selon les scénarios, la production en calories à l'horizon 2050 varie de -5 % (scénario 1) à +12 % (scénario 3). Les deux derniers modèles permettent à l'Europe de rester exportatrice. Les trois voies permettent une réduction des gaz à effet de serre.
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