Vous le savez, les animaux ne communiquent pas entre eux de la même manière que les humains. C'est le cas pour les mammifères, mais aussi pour les insectes. Car les danses qu'ils exécutent insectes constituent un langage à part entière, qui leur permet de se coordonner dans leurs tâches. Un phénomène étudié depuis plus de quarante ans désormais, et qui aujourd'hui se voit chamboulé par l'arrivée de l'IA. Cette technologie permet en effet d'aller bien plus loin dans l'interprétation de ce langage.
Pour l'histoire, c'est en 2018 que des chercheurs du Dahlem Center for Machine Learning and Robotics en Allemagne ont conçu le RoboBee, un minuscule robot capable d'imiter la danse des abeilles. Visuellement, le robot ressemble à un simple morceau d'éponge doté d'ailes qui se déplace sur une tige au milieu des autres abeilles. Pas d'humain aux commandes mais une IA, et le moins que l'on puisse dire c'est que cela fonctionne puisque certaines abeilles de la ruche l'ont « écouté ». Concrètement, les abeilles ont suivi précisément les instructions du RoboBee. À l'avenir, le laboratoire va tenter de domestiquer l'ensemble d'une ruche. Pour cela, les chercheurs ajouteront plusieurs robots dans différentes ruches afin de vérifier si les colonies les acceptent comme l'une des leurs.
À noter que l'IA qui dirige cette abeille robot est capable d'analyser des signaux uniques, liés aux comportements des abeilles, afin de créer un langage plutôt que d'essayer d'apprendre le nôtre à ces insectes. En clair, il s'agit de l'approche inverse de celle utilisée pour communiquer avec les singes ces 60 dernières années. Avant, le langage était centré sur l'humain. Mais cette IA a semble-t-il opté pour communiquer avec les abeilles en adoptant leur langage à elles. Ceci dit, réussir à communiquer les abeilles ou tout autre animal dans son langage natal est quelque peu dérangeant pour la communauté scientifique, notamment la chercheuse Karen Bakker de l'Université de la Colombie-Britannique au Canada. D'après elle, les humains pourraient davantage se servir de cette IA pour exploiter les animaux et les insectes plutôt que de chercher à vraiment les comprendre. Par ailleurs, franchir la barrière de la langue avec d'autres espèces, ce qu'on appelle l’anthropomorphisme, pourrait amener l'humain à manipuler les espèces sauvages pour les domestiquer de façon contre-nature. La chercheuse ajoute que cela ne concerne pas que les abeilles, mais l'ensemble des animaux. Reste à savoir si cette IA pourra rester strictement utilisée dans un but scientifique, ou si elle finira un jour ou l'autre par être utilisée à des fins peu éthiques.
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