La startup suisse Clearspace s'est donné une mission pour le moins ambitieuse : nettoyer l'espace des nombreux débris qui flottent au-dessus de nos têtes. Fondée en janvier 2018 par Luc Piguet à Lausanne, cette entreprise souhaite notamment enlever les corps de fusées abandonnées, des pièces métalliques et même des satellites entiers en panne. Selon l'Agence spatiale européenne (ESA), il y aurait plus de 30 000 objets en orbite actuellement autour de la terre sous surveillance, ainsi que 130 millions d'objets de petite taille intraçable entre 1 mm et 1 cm… Des chiffres sont en constante augmentation en raison de la multiplication des lancements de satellites.
Dans l’espace, le moindre objet file à une vitesse phénoménale. Par exemple, une pièce de métal d’une dizaine de centimètres possède autant d'énergie cinétique qu'un camion de 35 tonnes fonçant à 190 km/h sur l’autoroute d’après l'association de scientifiques canadiens Spacesecurity.org. D’ailleurs, plus un objet est envoyé loin, plus il mettra de temps à se "désorbiter", c'est-à-dire à se consumer en réintégrant l'atmosphère. Il faut compter quelques années pour un déchet situé à 500 km au-dessus de nos têtes, des dizaines d'années pour ceux à 800 km et même des siècles au-delà des 1 000 km. Et concrètement, les spécialistes craignent le syndrome de Kessler. Une théorie nommée d’après un consultant de la NASA qui, dans les années 1980, a envisagé un scénario dans lequel l'espace deviendrait inexploitable du fait de sa dangerosité et de la réaction en chaîne des nuages de débris provoqués par les collisions.
Pour l’historique, en septembre 2018, l'Agence spatiale européenne (ESA) a lancé son premier appel d'offres pour mener une mission de désorbitage d'un débris spatial. ClearSpace s'est retrouvé en compétition avec douze autres entreprises, dont des mastodontes du secteur comme Airbus ou Thalès. Six mois plus tard, bonne nouvelle, Clearspace est sélectionné... seul ! C'est donc une lourde tâche qui attend l'entreprise. L’accès à l'espace étant devenu abordable pour de nombreuses entreprises, sans compter qu’aucune loi mondiale ne s’y applique, les projets de constellations de satellites en orbite basse se multiplient, notamment pour apporter un Internet très haut débit avec peu de latence. C’est notamment le cas du projet controversé de Starlink qui dispose déjà de 2 000 satellites, et qui s'apprête à en envoyer 12 000 de plus dans les prochaines années, et demande actuellement l'autorisation pour en envoyer 30 000 supplémentaires !
Avec l’expertise qu’elle est en train de développer aux côtés de l’ESA, Clearspace entend bien se faire une place dans ce marché du nettoyage de l’espace. Elle a même signé en septembre dernier, un contrat avec l’agence spatiale anglaise pour étudier l’enlèvement de deux débris avec une seule et même “dépanneuse”. Concernant les satellites, actuellement, ils sont bien souvent hors service par manque de carburant d’après Clearspace. Sur ce point, l’idée de l’entreprise serait d’opérer comme une sorte de station-service spatiale. Bref, quelle que soit la forme, les idées pour nettoyer l’espace sont nombreuses et clairement indispensables pour éviter le tant redouté syndrome Kessler.
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