Qui est la première personne à avoir produit un texte littéraire dans l’histoire du monde ?
Longtemps, on a pensé que c’était Homère, avec l’Iliade et l’Odyssée. Et puis, on a découvert Enheduanna, qui le précède d’au moins 1000 ans - puisque qu’Homère, s’il a existé, aurait vécu qlq part entre -900 et -700 BCE et elle,-2300 BCE - et, dont elle, on sait qu’elle a vraiment existé. Et toc.
Enheduanna, c’était une princesse, prêtresse et poétesse, qui a vécu en Mésopotamie, plus précisément dans le royaume d’Akkad, fondé par son père, le roi Sargon, vers -2300.
Alors je vous préviens, ce n’est pas l’épisode le plus facile, car on est bien moins familier de la Mésopotamie que de la Grèce ou Rome. Donc je vous partage déjà un cadre pour vous mettre dans le bain.
Enheduanna était d’abord princesse. Le mot à retenir c’est Akkad, le royaume au sud de l’Irak actuel, et le prénom à retenir, c’est Sargon. On va beaucoup parler de lui, et c’est normal, car c’est un roi majeur dans l’histoire mésopotamienne, qui a fondé le royaume d’Akkad. Un peu l’équivalent d’Alexandre le Grand ou de Jules César, vous voyez. Donc Enheduanna, c’est un peu la fille d’Alexandre le Grand, mais en version mésopotamienne.
Deuxièmement, elle était prêtresse. Et là, le mot à connaître, c’est -EN, e, n. En fait, il y avait en Mésopotamie plusieurs types de prêtres et prêtresses, donc c’est un terme trop générique. Donc quand on dit “en”, c’est un type de prêtresse, qu’on va traduire par “grande prêtresse” car au sommet d’une hiérarchie.
Enfin, elle était poétesse. Là, on va citer des hymens qu’elle a écrit, notamment Ninmesara, hymne à Ishtar. Ishtar, c’est la déesse de l’amour et la guerre, et Enheduanna y est beaucoup liée, même si officiellement elle est prêtresse de Nanna, le dieu de la lune. Oui, Inana, Nana et Enheduanna, ça fait beaucoup de Nanna :)
Pour en parler, j’ai invité Sonia Mzali. Sonia est doctorante à l'Université de Lille, où elle rédige sa thèse sur les prêtresses et les prêtres EN de Mésopotamie. Elle est également co-organisatrice du cycle de colloques DIĜIR sur les pratiques cultuelles en Asie de l'Ouest ancienne, et co-porteuse et responsable scientifique du projet de recherche "Ama-Mater : regards croisés sur les maternités antiques".
Ensemble, nous avons donc parlé d’Enheduanna.
Nous avons parlé de princesses, des prêtresses, de temples, de pyramides, de divination, du mythe du déluge et d’une capitale encore enfouie sous la terre.
Nous avons parlé de stratégie politique, d’être la fille d’un conquérant, la prêtresse dans des territoires nouvellement conquis, et d’écrire des hymnes à la déesse protectrice de la dynastie.
Enfin, nous avons parlé d’écriture, de la notion d’auteur, d’Homère, de l’école des scribes, et d’être ou non, la première écrivaine au monde.
Pour tout ça, et plus encore, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Sonia au sujet d’Enheduanna.
Dieux mésopotamiens
Nanna : dieu de la lune
Inana / Ishtar : déesse de l’amour/guerre
An : dieu du ciel
Utu / Shamash : dieu du soleil
Ningal : déesse, parèdre de Nanna
Enlil : roi des dieux
Vocabulaire
Gépar : lieu de résidence des prêtresses
EN : prêtresse
Akkad : nord de la Mésopotamie ; royaume où Enheduanna est princesse
Sumer : sud de la Mésopotamie
Famille
Enheduanna : notre héroïne
Sargon : grand roi d’Akkad, père d’Enheduanna
Naram-sin : autre grand roi, neveu d’Enheduanna
Enanatuma : autre prêtresse, plus tardive
Textes lus
Hymne à Inana B
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