Airbag Woke Me Up, deuxième album pour Jeshi, musicien londonien autodidacte, influencé par les scènes grime, drill, mais aussi pop-rock, noise et trip hop. C’est dans ce mélange unique qu’il façonne son flow et surtout échappe aux carcans rap.
Jeshi a été révélé avec une poignée d’EPs depuis 2016. Puis, il a connu un succès international fulgurant, six ans plus tard, avec le tube « Total 90 », un remix du groupe de Brit pop Blur, extrait de son premier album sorti en 2022, Universal Credit, dans lequel il brosse le portrait d’une génération britannique endettée et abandonnée par le système.
Et sur son nouveau disque Airbag Woke Me Up, il tacle à nouveau les politiques anglais. Ce qui fait le sel de ses 14 nouveaux titres, à la fois introspectifs et corrosifs, ce sont les textes. Ils racontent une Angleterre à la dérive, celle de l’ultralibéralisme, des jeunes paumés dans les banlieues et aussi des gueules de bois qui trompent leur avenir au pub. C’est toute la force de cet album qui tire tour à tour sur le quotidien, tout en gardant un regard plus doux sur ses proches.
La famille est un socle pour Jeshi. C’est à travers elle que ce métis développe une analyse éclairante sur l’Angleterre, tout en allant fouiller dans ses souvenirs de gosse d’un quartier populaire dans l’est de Londres, oublié de tous, pour mieux raconter son parcours. Lui qui à 11 ans, traînait dans la rue avec un couteau dans sa poche, sait de quoi il parle.
Foyer fauché, père ouvrier jamaïcain, mère assistante sociale anglaise, il parle moins d’allocations chômage et un peu plus d’amour et de lui certes sur ce projet, mais en profite pour renouer avec son audace musicale et fait preuve d’une étonnante richesse vocale. Frais et fou, sensible et colérique, Jeshi est en quelque sorte un punk emprisonné dans un corps de rappeur.
Jeshi est en tournée mondiale en 2025 et en concert le 11 mars en Irlande avant son passage à Paris le 22 mai au Trabendo.